Le Samedi 30 juin 2007 au Cinéma Jacques Tati
à Tremblay en France,
dans le cadre de la soirée :
DIY (do it yourself) : L’ESPRIT PUNK
vous pourrez voir ou revoir :
THE BOOT FACTORY
de Lech Kowalski
20 heures
Dans le film, on voit de jeunes punks s'amuser à reconnaître, au fil des pages d'un album illustré, Patti Smith, Iggy Pop ou The Ramones. Mais on est bien loin de New York, dans la région de Cracovie. Lech Kowalski, né à Londres de parents polonais ayant fui les camps soviétiques, a retrouvé avec «The Boot Factory» tout à la fois ses racines familiales et un mouvement underground aussi frais que celui qu'il avait connu vingt ans plus tôt à New York. C'est en allant pour la première fois dans son pays d'origine pour y montrer ses fIlms que Lech Kowalski rencontre Lukasz Siska, jeune punk qui s'extasie devant ses images des Sex Pistols et lui montre ses bottes, il les a faites lui-même. C'est le déclic et le début du tournage. Lukasz et ses copains fabriquent ce genre de hautes bottes qui chaussent les punks du monde entier, du modeste trois œillets au glorieux 14 œillets, en noir bien sûr, mais aussi dans des cuirs de couleurs. «Avant, elles venaient de Roumanie. On les appelait les roumounes. » Comme il y avait une «niche, les jeunes punks de Cracovie s'en sont emparés. Le marché est en train de se développer et touche désormais une clientèle beaucoup plus classique, comme le montre une scène où une jeune fille sage vient, accompagnée de sa mère, se choisir une paire de bottes de punk.
La fabrique est née dans un squat, une même pièce servant de dortoir, d'atelier et de salle des fêtes. La petite entreprise grandit. Les fêtes continuent, noyées dans la bière. Des chanteurs hurlent ce qu'ils sont encore capables de hurler dans des micros auxquels ils se raccrochent, l'œil vague. La musique accompagne d'ailleurs en permanence les journées de travail façon punk. Et tout en cousant le cuir, en collant les semelles- avec de mauvais masques à gaz pour se protéger des solvants -, on chante en chœur de puissants airs scatologiques, où il est question de relations pas du tout catholiques entre un sacristain et un marin. Lukasz et ses amis témoignent de leur difficulté à vivre dans une Pologne qu'ils disent minée par le népotisme, de leur destin de brebis galeuses. La fabrique de bottes leur permet de nier cette infortune. La première partie du documentaire se termine d'ailleurs sur le mariage de l'un d'eux, Piotr. Bottes bien cirées, look des grands jours, mairie, champagne et promesses. ..
Pour la seconde partie, six mois plus tard, Lech Kowalski abandonne le noir et blanc pour la couleur. Pourtant, la réalité n'est pas très rose. Piotr a eu un bébé, mais il doit, tout comme Wojtek, se battre contre l'emprise de l'héroïne. À la fin du documentaire, un carton annoncera que l'un est parti pour deux ans dans un camp de réintégration par le travail de l'autre côté de la Pologne, et que l'autre a eu un bébé avec une nouvelle fille de l'atelier. Pour faire face aux commandes, Lukasz embauche. Pas de discours économique dans le film de Kowalski. On n'apprendra rien sur la méthode de gestion de cette entreprise originale. La caméra montre simplement la vie de ces punks au plus près. Elle adopte le rythme anarchiste de leur existence, filme la main qui bat un rythme, celle qui enfonce le poinçon dans le cuir, les visages piercés. . . Et leurs bottes, beaux objets fétiches d'une culture de dérision.
Elisabeth Chardon /Télé Temps SuisseLa fabrique est née dans un squat, une même pièce servant de dortoir, d'atelier et de salle des fêtes. La petite entreprise grandit. Les fêtes continuent, noyées dans la bière. Des chanteurs hurlent ce qu'ils sont encore capables de hurler dans des micros auxquels ils se raccrochent, l'œil vague. La musique accompagne d'ailleurs en permanence les journées de travail façon punk. Et tout en cousant le cuir, en collant les semelles- avec de mauvais masques à gaz pour se protéger des solvants -, on chante en chœur de puissants airs scatologiques, où il est question de relations pas du tout catholiques entre un sacristain et un marin. Lukasz et ses amis témoignent de leur difficulté à vivre dans une Pologne qu'ils disent minée par le népotisme, de leur destin de brebis galeuses. La fabrique de bottes leur permet de nier cette infortune. La première partie du documentaire se termine d'ailleurs sur le mariage de l'un d'eux, Piotr. Bottes bien cirées, look des grands jours, mairie, champagne et promesses. ..
Pour la seconde partie, six mois plus tard, Lech Kowalski abandonne le noir et blanc pour la couleur. Pourtant, la réalité n'est pas très rose. Piotr a eu un bébé, mais il doit, tout comme Wojtek, se battre contre l'emprise de l'héroïne. À la fin du documentaire, un carton annoncera que l'un est parti pour deux ans dans un camp de réintégration par le travail de l'autre côté de la Pologne, et que l'autre a eu un bébé avec une nouvelle fille de l'atelier. Pour faire face aux commandes, Lukasz embauche. Pas de discours économique dans le film de Kowalski. On n'apprendra rien sur la méthode de gestion de cette entreprise originale. La caméra montre simplement la vie de ces punks au plus près. Elle adopte le rythme anarchiste de leur existence, filme la main qui bat un rythme, celle qui enfonce le poinçon dans le cuir, les visages piercés. . . Et leurs bottes, beaux objets fétiches d'une culture de dérision.
C'est la chronique d'une petite fabrique un atelier-squat dans les faubourgs de Cracovie. Artisanalement, Lukasz, Piotr et Wojtek y confectionnent des grosses pompes façon Doc Martens made in Poland. Au fil des quatre saisons, la caméra a vécu à leur rythme : d'abord dans un noir et blanc " qui ex-prime la partie mythique de la vie de "l'entreprise' ; en couleur ensuite ‘pour montrer une autre réalité, celle des dysfonctionnements et des diffi-cultés de vivre’, explique le réalisateur. Résoudre l'équation « Implication dans la société et préservation de ses diffé-rences » n'a rien d'évident. Ou com-ment être à la fois dans et en dehors des normes, travailler pour gagner sa vie tout en continuant à écluser des litres de bière et à se shooter. Le cadre et le montage des images vibrent en accord avec la musique punk-rock qui envahit l'atelier le jour, et les fêtes la nuit. The Boot Factory est la rencontre punching-ball et compréhensive de deux cultures alternatives. Celle de jeunes Polonais qui tentent d'allier le sérieux et le destroy, et de Lech Kowalski, réalisateur anglais d'origine polonaise, américain d'adoption, devenu l'un des chefs de file du cinéma underground US.
Cécile Maveyraud / TéléramaAu début, on se dit : horreur, la vie des punks polonais de la grande banlieue de Cracovie, filmée en noir et blanc charbonneux et tournée caméra à l'épaule. Glauque. Et puis pas du tout. En assistant à une beuverie appuyée chez ces artisans-Oï qui se vautrent dans la néo-sauvagerie comme des cochons dans la fange, on a presque envie de baptiser ce film le "Scorpio Rising de la cordonnerie" — ces punks étant également des fabricants de rangers. Mais cette référence est finalement un peu déplacée, car on est loin des délires maniéristes de Kenneth Anger sur les Hells Angels new-yorkais des années 60. "Ma petite entreprise de Docs" serait finalement un titre plus approprié. Enfin bref, une fois accoutumé au tangage visuel, une fois qu'on a capté de quoi il retourne — ça prend du temps, il n'y a pas de commentaire explicatif—, on y prend goût, on s'attache à ces êtres frustes, ex-taulards, ex-drogués, qui vendent et fabriquent des croquenots orthopédiques dans . un pavillon de banlieue, en collant des semelles compensées avec une colle qu'ils pourraient sniffer, en écoutant à dont des hymnes punk-skin, en polonais dans le texte. C'est aussi ça, la force du cinéma : rendre humains et émouvants des êtres dont, a priori, nous n aurions pas une folle envie de faire la connaissance. Au-delà de leurs tatouages, leurs piercings, ces cordonniers marginaux sont d'ailleurs des artisans-prolos très conventionnels, qui n'omettent pas de se marier, de payer leurs traites, etc. Certes, ça déraille quand deux d'entre eux retombent dans la dope, et se font même taper sur les doigts par leur patron coiffé comme un Hun quand ils sont en retard au boulot, mais cet accoutrement, ces rustiques goûts musicaux sont finalement le reflet du monde dans lequel ils vivent. Eternelles années 70 grisâtres. Quant à la réalisation, elle est au diapason : antisophistiquée au possible. Un gage d'honnêteté et de vérité. On ne pige pas vraiment pourquoi le film passe sans crier gare à la couleur vers la fin. Mais est-ce bien grave, dans le fond ?
Vincent Ostria/ les inrockuptibles
Renseignements :
http://www.tremblay-en-france.fr/page/p-103/art_id-2410/
Pour réserver :
01 48 61 94 26 ou cinema.tati@ville-tremblay-en-France.fr
Pour venir :
Cinéma Jacques Tati. Site : www.tremblay-en-france.fr
29 bis avenue du général de Gaulle – 93290 – Tremblay-en-France
RER B, direction Mitry-Claye, arrêt Vert-Galant, passer sous les voies puis continuer tout droit, le cinéma est à 400 mètres.
Nous sommes à 20 minutes de Gare du Nord.