mardi, janvier 29, 2013

DROIT DE REPONSE AU JOURNAL LE MONDE




Dans le supplément « Télévisions » du Monde daté des 27 et 28 janvier 2013 a paru la critique de Marie-Béatrice Baudet sur mon film, La Malédiction du gaz de schiste, diffusé ce mardi sur Arte.
Dans ce film, je montre des agriculteurs polonais qui n’entendent pas laisser Chevron construire un puits de forage de gaz de schiste dans leur village parce que cette multinationale américaine en a décidé ainsi. Seraient-ils devenus fous ? Enfin le moyen pour la Pologne de gagner son indépendance énergétique ! Un reporter du Monde a d’ailleurs récemment vanté les bienfaits de l’exploitation du gaz de schiste au Texas. Il s’est avéré que son voyage avait été pris en charge par Total... Après cette troublante… mésaventure ( ?), y aurait-il encore des journalistes au Monde qui nieraient la puissance des lobbies des multinationales énergétiques ?

Non, les agriculteurs polonais ne sont évidemment pas devenus fous. Ils sont tout simplement allés chercher des informations issues d’autres sources que celles fournies par Chevron. Car, ne vous en déplaise, Madame Baudet, les Polonais que je filme utilisent les moyens modernes de communication. Il ne s’agit pas de braves révolutionnaires – aucun d’entre eux n’a d’ailleurs jamais été ni activiste ni militant. Il s’agit de gens qui ne se sont pas laissé endormir par les experts en communication, qui ont croisé leurs informations et découvert avec effroi ce qui se passe déjà ailleurs, aux Etats-Unis ; qui le déplorent et ne veulent pas que cela se produise chez eux.

Je regrette d’avoir à l’écrire, mais votre critique fleure mauvais la condescendance, Madame Baudet. Condescendance à l’égard des agriculteurs polonais dont je filme la lutte (« elle a du charme », écrivez-vous), condescendance à mon égard puisque, plein d’ « empathie » et de « parti pris », j’assènerais des contre-vérités…
Quel mépris à l’égard de ces hommes et ces femmes qui craignent pour leur santé, leurs conditions de vie actuelles et celles des générations futures. Connaissez-vous des motifs de lutte plus dignes ?
Quel mépris à mon égard… Oui, je suis un artiste engagé. Oui je m’expose, je me déplace, je discute, je m’impose là où on ne me désire pas, j’ouvre les yeux, les oreilles. Je suis allé filmer ceux qui subissent déjà les conséquences de l’exploitation du gaz de schiste pour montrer ce que redoutent à juste titre les agriculteurs polonais de Zurawlow. Pour montrer la réalité que cachent les puissantes entreprises énergétiques mondiales. Je le fais avec mes moyens propres, la réalisation cinématographique. D’autres – certains de vos confrères, notamment, dans des journaux aussi prestigieux que le New York Times – le font avec la plume. Me croyez-vous vraiment assez naïf pour écrire un commentaire (la voix off du film) dont je n’aurais pas vérifié le bien-fondé ?
Car oui, Madame Baudet, il existe une bulle financière autour de la production du gaz de schiste et, oui, des compagnies ouvrent des puits même quand le prix du méthane baisse. Parce qu’il faut faire fonctionner plusieurs puits de gaz pour que les économies d’échelle soient effectives. Parce qu’il faut produire toujours davantage de gaz pour espérer obtenir un retour sur investissement. Parce que certains investisseurs croient encore aux super pouvoirs que confèrent les réserves de gaz de schiste enfermé dans le sous-sol des Etats-Unis.

Je pourrais revenir sur d’autres points de votre critique qui me gênent dans la mesure où vous semblez ne pas avoir compris quelques-uns des ressorts de la dramaturgie du film. La lutte des « anti-gaz de schiste » (comme vous les appelez rapidement) n’a pas eu pour motif d’empêcher Chevron de lancer la construction du puits en pleine période de reproduction des oiseaux… C’est grâce à cette loi de protection animale que Chevron a dû faire machine arrière.
Je ne m’étendrais pas plus avant sur vos critiques au sens cinématographique du terme. Car ce qui me gêne, surtout, c’est que vous semblez nier des évidences prouvées (oui, l’exploitation du gaz de schiste est extrêmement nocive pour l’environnement) et, partant, faire le jeu des géants de l’industrie énergétiques… autrement dit de ceux qui possèdent un pouvoir gigantesque dans notre monde actuel dont tout le système socio-économico-politique dépend de nos ressources en énergie. Le gaz de schiste n’est pas une énergie alternative, pas une énergie verte. C’est une énergie coûteuse, que l’on exploite parce que les ressources en pétrole s’épuisent. Et pour cette unique raison.

En faisant ce film que j’assume entièrement comme étant un film dénonçant les malfaisances qu’engendrent l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste, je fais moi aussi acte de résistance. Et j’en suis fier.


Lech Kowalski


lundi, janvier 28, 2013

La malédiction du gaz de schiste sur Arte le 29 janvier 2013 à 20h 50





La malédiction du gaz de schiste

Un film de  Lech Kowalski




Depuis deux ans, Lech Kowalski s'intéresse aux problèmes rencontrés par les petits fermiers dans la partie orientale de la Pologne, à la frontière avec l'Ukraine. Une région agricole généreuse, « le poumon de la Pologne ». Une région dont le sous-sol serait très riche en gaz de schiste, ce qui laisse craindre de nouveaux bouleversements : si les géants de l'industrie énergétique y installent des puits de forage, comme ils ont l'intention de le faire, c'est la vie de milliers fermiers locaux qui va basculer.
Lech Kowalski plante alors sa caméra dans le village de Zurawlóv. Son maire, Emil Jablonski, et la gérante d'une imprimerie, Basia Siegienczuk, mobilisent les habitants des communes alentours contre Chevron, qui souhaite construire un puits de forage dans la localité. Réunions d'information, meetings, pétitions, recours à la presse. Car le nerf de la guerre se joue là : les fermiers ne savent presque rien sur le gaz de schiste. Ils se laissent amadouer par Chevron et la propagande gouvernementale ambiante : ce gaz permettrait à la Pologne de gagner son indépendance énergétique, enfin ! Lech Kowalski nous propose alors plusieurs détours par la Pennsylvanie, où des milliers de puits sont déjà installés : eau souillée, nuisances sonores dues à la multiplication du trafic - qui détruit l'infrastructure routière -, maladies physiques et psychiques induites.
Conscients de ces risques aux conséquences imprévisibles à long terme, Emil et Basia poursuivent leur mission sans relâche, apprenant sur le terrain à s'organiser et à se battre contre les Goliath du XXIe siècle.



Dans le cadre d'une soirée thématique sur le "gaz de schiste une énergie qui divise " film suivi d'un débat avec José Bové, Hervé Kempf et Michael Paul
 et d'un live vidéo chat
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